Humour béninois : évolution et apport social

10 octobre 2014

Humour béninois : évolution et apport social

L’humour béninois ou j’aurais pu écrire l’humour au Bénin, mais cet article va naviguer sur les deux eaux, de manière très prudente quand même, bien qu’elles soient pas trop agitées. Partons sur la trace de certains et revoyons l’évolution de l’art du rire dans ce pays.

Au Bénin, l’humour a très tôt été un moyen d’évasion, de détente, mais surtout d’éducation. Ces artistes au talent oratoire et scénique qui n’est plus à prouver, passent magistralement de nos langues nationales à celle de Molière et tant pis si on a pas bien réviser la grammaire ou la conjugaison. Au départ, ça a été Baba Yabô, un personnage influent dans le milieu. Influent au point où il passait à la radio et même à la télévision nationale déjà à l’époque (je n’étais pas encore du monde des vivants, j’ai revu des bandes plus tard). Il donnait avec sa troupe des classes enseignements moraux par un canal, qui captivait l’attention et qui à coup sûr faisait impact.

IMG_0530-647x710

Des années après ce fut le tour de la Compagnie Mombi, de prendre le relais quand le doyen avait cassé la pipe et que la cour était vide. Des artistes qui  ont dans les débuts des années 90 été très présents. Et s’il y a une chose que tousles Béninois se rappellent encore aujourd’hui à coup sûr, c’est la campagne « Change-moi la lame » pour demander au coiffeur d’utiliser une lame par client. Mais puisqu’il faut toujours faire des économies, eux ils font 1/2 lame par client (juste une parenthèse, tout en humour). Le professeur Mombi s’en est allé aussi rejoindre les ancêtres, mais la bande a continué sur sa lancée.

 Pendant la même période, un groupe de femmes de la capitale  sous la baguette de madame Marceline Aboh ont fait sensation. Les dames jusque-là au second plan, étaient devenues meneuses et le rire était garanti. Un duo, Oncle Bazar et Prince Yadjô a connu un succès fou. Ils sont resté très longtemps patrons de l’humour au pays, surtout dans un domaine qui était nouveau et innovateur, la comédie musicale. Ils ont réussi à allier la musique vers laquelle courent tout ceux qui pour une raison ou une autre s’y seraient trouver un talent ou une passion et ce très cher humour. Un autre homme, sous le pseudonyme de Masta Cool prend le relai lorsque le duo, se calme un peu (ils sont revenus plus tard mais pas très longtemps). C’était la période de l’humour musical. Avec des histoires qui toujours bien écrire, s’asseillent dans la mémoire des béninois avec des refrains et des rimes, belles.

On est resté assez longtemps dans le passé là non? Bien, retour vers le futur donc et nous voici au présent. Aujourd’hui l’univers artistique béninois est de plus en plus grandissant et il y va du bien être de la population du moment où c’est toujours aussi bien fait. Malgré ce boum, il faut préciser que l’humour est resté fermé quoique grand ouvert ou plutôt je devrais dire inexplorer. Faire de l’humour au Bénin c’est un peu comme faire le pitre et être idiot alors, du monde n’y afflut pas.

Mais les choses changent. La sensation du moment dans les maisons, les bus, et autres lieux de Cotonou à Malanville, et depuis quelques années déjà, c’est Wôbaho et Eléphant Mouillé de la compagnie Semako. Ces deux hommes qui n’ont pas eu le complexe béninois de jouer le rôle du clown ont donner un nouvel élan à cet art. Avec leur troupe, ils, périodiquement mettent sur le marché des films faits d’histoires aussi ilarantes qu’instructives. Le niveau à changé dira l’autre. De sketchs de 20 minutes, on passe à 1heure de théâtre, commercialisé et vendu. Oui c’est le nom qu’on donne à l’humour ici, théâtre. Le standing ou one man show, on connait pas encore mais ça va venir parce qu’on voit les ivoiriens qui voyagent beaucoup maintenant faire des tournées et tout. Et même si personnellement, il m’arrive, ces deux là de les trouver cons, il faut avouer qu’ils sont bons comme on dit chez nous. Toutefois, il ne faut pas oublier Caiman qui a dévoilé et étalé un language codé, le cracagbé* qui n’était parlé que par des initiés. Aujourd’hui les ivoiriens ont le nouchi, les béninois ont le cracagbé ou awégbé, une sorte d’identité acquise par l’humour.

Seulement ce serait magnifique si ces artistes qui font un travail louable et loué d’ailleurs pouvaient retourner à la source de la chose; à l’éducation de la masse. Il y a un peu trop de baguarres et de bruits inutiles dans les films, il faut qu’ils montent vraiment le niveau et travaillent les scénarii. Je disais ça juste comme ça. Faut pas fâcher, nous s’amuser.

La liste des artistes ou groupe d’artistes cités dans cet article est loin d’être exhaustive, je n’ai parlé que de ceux que j’ai connu et que la majorité des béninois connait. Il y en a certainement beaucoup d’autres.


*cracagbé : language populaire des jeunes béninois, beaucoup plus connu depuis seulement quelques années.

Partagez

Commentaires